Gestion de l'Humidité

L'air contient de l'humidité suivant la position géographique sur le globe qui induit une pression variable très sensible entre l'équateur et les pôles. Notre souffle contient de l'humidité et sort de la bouche à une température d'environ 30°C.

A pression constante, l'air chaud se condense sur une paroi froide, ce qui explique pourquoi l'on observe de l'humidité sur ses anches (froides) lorsque l'on commence à jouer. Il est bon de savoir qu'une masse de fluide sous la forme de vapeur passe de l'état gazeux à l'état liquide progressivement, à température constante, en absorbant du froid venu de l'extérieur. On parle du 'titre' qui modélise le pourcentage de masse de gaz dans un mélange [masse de gaz + masse de liquide], dans le cas précédent ce titre tendrait vers 0.

La condensation dépend de la pression, elle est donc différente en soufflant ou sans souffler...

- sans souffler : la condensation est exponentielle à l'écart de température entre la cornemuse et l'air ambiant, c'est le 'choc thermique' (cas d'une cornemuse ayant séjourné dans le coffre de la voiture ou dans les soutes du car). La condensation persistera tant qu'elle ne sera pas à la température du lieu.

- en soufflant : les dépressions subies par la veine gazeuse à l'intérieur de l'instrument déclenchent du froid, donc engendrent le phénomène de condensation : c'est le carrefour entre le degré d'humidité du souffle et celui de l'air. Plus l'air extérieur est chaud et moins la dépression créera de la condensation.

Par définition, la nature oriente toujours son évolution vers l'équilibre biologique, ainsi une texture perméable comme le roseau se réchauffe et s'hydrate au contact de la condensation selon son degré de perméabilité [ce degré de perméabilité dépend de la capacité de la texture fibreuse à absorber l'humidité avant sa saturation].

La condensation peut être gérée en adaptant l'instrument progressivement et méthodiquement sans créer de chocs thermiques : par ex. en attendant que la température de l'instrument atteigne celle du lieu, ou en soufflant environ 5/10 minutes dans l'instrument et en arrêtant environ 1/4h à 1/2h pour que l'instrument s'humidifie.

Dans un souci d'optimisation et afin de limiter/contrôler l'humidification de l'instrument et des anches, il est recommandé d'utiliser un système de capture de l'eau à l'intérieur de la poche : depuis une valve de rétention pour la poche cuir jusqu'à l'installation d'un système de contrôle de l'humidification (MCS) pour les poches synthétiques...

Geoff Ross a mis au point ce système dans les années 90's afin de limiter l'effet des variations de température, pression et hygrométrie en fonction des régions du globe. Le système Ross se compose d'une boîte à cailloux (litière pour chat) à 4 compartiments et de 4 tuyaux (bleu=basse, jaune=ténor milieu, gris=ténor extérieur) à raccorder à chaque bourdon et au chanter (rouge). L'air passe à travers la boîte, qui joue le rôle d'un filtre anti-humidité, avant d'atteindre les anches.

L'intérêt du Canister réside dans le fait que le sonneur a la capacité de contrôler l'humidité circulant vers chacune de ses anches/souches, en modulant la quantité de granulés présente dans chaque compartiment de la boîte.

Il est préférable d'ôter le tuyau relié au chanter pour le remplacer par un tuyau au sutell comme vu précédemment, ceci afin d'apporter l'humidité nécessaire et suffisante au bon fonctionnement de l'anche de chanter.

Lorsque le sonneur observe de l'humidité sur ses anches, il n'a qu'à sécher les cailloux de la boîte au micro-onde...